Rentrée des classes [Alex]

Une journée de cours monotone commençait. Je n'avais pas envie d'y aller mais ... Je n'avais pas le choix. Et avec un peu de chance, je pourrais être avec Ben. Ah, Ben. Il me manquait. Il ne quittait plus ma tête depuis quelques semaines.

Je soupirai et fermai la porte de mon casier. Ce soir, après avoir fini de bosser, je pouvais toujours aller prendre quelques photos. Au moins, ça me détendrait. Une sonnerie me tira de mes rêveries, et me rappela que je devais aller en cours. Nouveau soupir. Je marchais lentement jusqu'à la salle, m'installais à l'avant dernier rang, seul. Oui, sans Ben. Ce devait être l'un des rares cours que nous n'avions pas en commun. En résumé : c'était long, et ennuyant.

Je fouillais dans mes affaires, à la recherche d'une feuille, d'un crayon. Je ne faisais même pas attention aux élèves qui entraient. Je relevais alors la tête, lorsqu'une voix derrière moi me figea. De la "bonne meuf". Comment pouvions-nous dire un truc pareil ? Enfin, venant de la part de Steve, ça ne m'étonnait même plus. Oui, Steve. Un parfait abruti, qui ne pense qu'à se taper des filles. Je me demandais parfois comment il était capable d'être un soupçon romantique avec elles. A ses yeux, j'étais certain qu'elles n'étaient que des objets.

« Déjà, on ne dit pas de la "bonne meuf", mais des jolies filles. C'est plus respectueux. Ces demoiselles ne sont pas des objets, que l'on collectionne. »

Ce type me sortait par les yeux. Il m'adorait autant que moi, c'est à dire, pas du tout. Il ne tolérait pas que des individus soient différents de lui. Il n'était pas du tout ouvert d'esprit, en fait.

« Et si tu veux une réponse, oui, il y a des jolies filles, mais, moi, contrairement à certains, je n'ai pas envie de toutes me les faire. Ce ne sont pas des jouets. »

Je soupirais. Si en plus, j'avais le droit à Steve pendant tout un cours, j'allais quitter la pièce. Ou alors, je frapperais quelqu'un. Je me retournais alors complètement, et me mis à l'observer.

« Au fait, t'es au lycée, toi, maintenant ? C'est bien de vouloir apprendre, je ne savais pas que tu connaissais ce mot-là ... »

Steve me contra, lançant qu'il respectait les femmes plus que tout. Ah ouais ? Je demandais à voir. Je ne pus retenir un soupir en l'entendant dire que sinon, elles risquaient de croire qu'il racontait tout à ses amis le lendemain. Steve m'accorda aussi qu'elles n'étaient pas des jouets, mais qu'il fallait que je me lâche un peu, et que nous n'avions qu'une vie.

« Crois-moi, mon gars, si je me lâche, tu vas sentir ta douleur ... » marmonnais-je entre mes dents.

Le jeune homme enchaîna alors, sur le fait que le lycée était un lieu pour se faire des amis, mais aussi des filles. Je serrais les dents. C'en était bien trop pour moi. J'allais le claquer s'il continuait.

« Y'a pas que les filles dans la vie, gars. Pense un peu à autre chose, veux-tu ? »

Je soupirais. Je devais partir. J'aurais dû. Sinon, j'allais le regretter, comme avec Tom. Et puis sécher les cours, ce n'était pas bien grave. Toujours mieux que de se retrouver dans le bureau du proviseur, avec les parents sur le dos. Parents qui me feraient très bien comprendre qu'ils n'en avaient rien à foutre de moi. Cette situation me pesait bien plus que je ne voulais l'admettre.

Le silence se fit alors dans la salle. Je me concentrais sur la scène ... qui me surpris. Ben était là ! Avec sa guitare. Le jeune homme s'était installé sur un tabouret, et une jeune femme était à ses côtés. Aux murmures excités des autres élèves, ce devait être quelqu'un de connue. Son visage m'était vaguement familier, mais ... Je n'écoutais jamais, ou presque, la musique actuelle, à la mode. J'étais toujours branché sur mon hard.

Toutefois, mon cœur fondit dès les premières notes. C'était très loin de ce que j'avais l'habitude d'écouter, bien sûr mais ... C'était beau. Personne ne pouvait le nier. La chanteuse avait une voix d'ange, et Ben ... Ben semblait complètement absorbé. Il était dans son truc, semblait jouer sans remarquer d'une quarantaine de paires d'yeux le fixaient. Je souriais, émerveillé. Je redécouvrais presque Ben. Il était dans son milieu à lui.

Lorsque la chanteuse termina son morceau, il y eu des applaudissements, des cris, des étudient s qui en redemandaient. J'étais entièrement concentré sur Ben, si bien que j'en oubliai Steve. Je tournais alors la tête vers le jeune homme.

« C'était beau, non ? »

Qu'il ne vienne pas tout gâcher en répliquant qu'il se ferait bien la chanteuse, s'il vous plaît ...

Je souris en entendant la chanteuse dire que Ben était un jeune talent. Je vis le regard gêné de Ben. Mais, la chanteuse avait raison. Ben vint alors devant le micro, et commença à jouer un nouveau morceau. Je le regardais, émerveillé, tandis qu'il lança que cette chanson était pour quelqu'un à qui il tenait énormément, et qu'il était heureux de sa présence. Ben se mit alors à chanter en anglais, en me regardant. Je souriais. Il avait une voix d'ange. C'était splendide, tout simplement. Que dire d'autre ? J'en avais le souffle coupé.

Lorsque la dernière note résonna dans la salle, je ne pus me retenir d'applaudir. Ben méritait mieux qu'un simple applaudissement, mais pour le moment ... Le jeune homme descendit alors de la scène, et se dirigea vers moi. Il m'attrapa la main et je lui adressais encore un sourire. Il me demanda alors comment j'allais. Je posais mon autre main sur sa joue, avant de répondre :

« Salut mon amour. Bien sûr que je vais bien ! Comment pourrais-je aller mal avec ce que tu viens de jouer ? C'était magnifique, tu sais. Oui, j'ai bien dormis, mais tu m'as manqué. Et toi ? Tu vas bien ? » lançais-je en souriant.

C'était vrai, Ben m'avait manqué, et je n'allais pas mentir sur ce point-là. J'allais ajouter quelque chose, lorsque Steve arriva. J'avais presque oublié cet idiot, moi. Il complimenta Ben, sur sa façon de jouer, et lui demanda de venir jouer à l'une de ses fêtes. Je me demandais si, un jour, ce jeune homme serait capable de penser à autre chose qu'à s'amuser. C'était peut-être ce que l'on me reprochait, à moi. D'être trop froid, trop effacé. Éloigné des autres, avec un mal fou à se mêler à la population. Peut-être avais-je peur. Peut-être.

Steve s'éloigna alors, après avoir dit qu'en effet, ce que venait de jouer Ben était beau. Le jeune homme s'empara du micro et demanda de nouveaux applaudissements pour les musiciens. Je retins un soupir. Steve, parfois, était un peu lourd. Je ne voulais pas le vexer, loin de là, mais bon ... Je croisais le regard de Ben. Visiblement, il éprouvait la même chose que moi à ce sujet.

Je me remis un instant à regarder Steve, lorsque la main de Ben vint se glisser dans mon dos. Je sursautais, avant de plonger mon regard dans celui du jeune homme. Il se mit alors sur la pointe des pieds, et posait ses lèvres sur les miennes. Je souriais, et le soulevais, plaquant mes lèvres contre les siennes. Je ne fis même pas attention aux quelques sifflements de certains, et aux regards dégoûtés des autres.

Toutefois, nous étions en classe, quand même. Je reposais Ben par terre, et lui souriais. La prof ne disait rien, malgré tout le bruit. Elle préférait discuter avec la chanteuse, et nous accorder une pause. De toute façon, c'était bien trop le bazar pour pouvoir faire cours. Les élèves étaient bien trop dissipés.

« Tu voulais me faire la surprise ? Parce que, ne me prend pas pour un lapin de six semaines, tu devais savoir que tu allais jouer bien avant aujourd'hui. Je me trompe ? »

Je lui souriais toujours. Tiens ? On entendait presque plus Steve ! Il était probablement en train de draguer une fille, ou de s'amuser. Et puis, je vous l'accorde, je m'en foutais un peu. J'étais aux côtés de Ben, c'était l'essentiel.

Ben me demanda de passer la soirée chez lui, car il voulait me présenter à ses parents. Il me dit que j'étais son tout, qu'il m'aimait, que je le rendais heureux. Je frissonnais, et posais doucement mes lèvres sur les siennes. Le jeune homme ajouta que Steve pouvait aller se faire foutre, et qu'il ne jouerait pas pour lui, même à genoux. Je ne pus retenir un rire en l'entendant me demander si je voulais bien faire un billard avec lui, avant qu'on aille chez lui.

« Bien sûr Ben ! Pourquoi dirais-je non ? »

Ben m'embrassa alors avec tendresse, et se colla contre moi. Je ne pus retenir un nouveau sourire. Il partit alors, et je ne pus m'empêcher de le suivre. Je le vis remettre sa guitare dans sa housse, et ris à son regard surpris en me voyant.

« Je t'ai fais peur ? Moi ? »

Lorsque je lui demandais s'il voulait nous faire une surprise, il rit, et me lança qu'il ne savait pas, et qu'un lapin de six semaines, c'était mignon. Je soupirais. Sois sérieux, Ben, juste cinq minutes. Le jeune homme me dit alors qu'il savait que je n'avais plus cours, et il me proposa de passer son après-midi avec moi.

Je vis alors Steve, qui continuait de faire l'imbécile, donner une tape dans le dos de Ben. Il nous lança qu'il revenait, qu'il allait nous montrer ce qu'était la musique dans sa famille. Je retins un soupir, parce qu'il était là, et regardais Ben.

« On y va maintenant, non ? Autant profiter de l'après-midi, plutôt que de s'enfermer au bahut. »

Et de rester en compagnie de Steve, pensais-je pour moi même. Ce gars-là m'exaspérait ; vraiment. J'attrapais la main de mon amour, et le tirais vers moi, avant de poser mes lèvres sur les siennes. Tel un enfant impatient - ce que j'étais, entre nous - je lui murmurais :

« Aller, Ben ... Viens ... »

Je l'embrassais rapidement, avant de le tirer doucement vers la porte. Mon dieu. Je n'étais vraiment pas patient, quand je m'y mettais. Mais ça m'amusait. J'oubliais mes idées sombres avec Ben. J'étais heureux, je me sentais entier. Alors autant dire que je n'étais pas près de le lâcher. Oh, oui, il allait vraiment finir par me trouver chiant, et collant.

Ben me lança que je ne devais pas m'en faire, qu'il ne voulait pas rester ici, lui aussi, pour voir ce "fou" jouer. Je ne pus retenir un sourire. Il me demanda juste de lui accorder quelques minutes pour voir la qualité du travail de Steve et me promit qu'après, on s'en irait. Il termina par un "Je t'aime" et les premières notes de la musique de Steve raisonnèrent dans la salle.

Sans vouloir vexer personne ce n'était pas ... fameux. Tout le monde parlait, il y eu même quelques sifflements. Bon, il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin, quand même. Et, même si je détestais Steve, j'avais un peu de peine pour lui. Ce n'était pas très sympa pour lui.

Ben m'attrapa alors la main, et après avoir saisi sa guitare, nous quittâmes la salle. Le jeune homme m'entraîna jusqu'à chez lui, posa sa guitare, et nous marchâmes vers la ville. L'après-midi promettait d'être palpitante. Rien qu'à l'idée, je souriais.

Mon amour s'assit alors sur un banc, une grimace de douleur affiché sur le visage. Je le regardais, inquiet. Il marmonna alors que Steve l'avait tué, qu'il avait trop mal. Je m'approchais de lui, m'installais à ses côtés et remontait doucement son tee-shirt.

« Attends, laisse-moi regarder. »

Je fronçais les sourcils en voyant la trace rouge des doigts de Steve dans le dos de mon ami. Pas étonnant qu'il ait mal. Steve était vraiment une brute. Vraiment, je ne comprendrais jamais comment il faisait pour attirer des filles.

« Ouais en fait ... Tu vas avoir mal pendant un bon moment, vu la marque que t'as dans le dos. Tu veux un bisou magique ? » lançais-je en éclatant de rire.

Ouais, bon, Ben avait vraiment l'air de souffrir, mais je n'y pouvais pas grand chose. Je posais mes lèvres dans le dos de Ben, avant de redescendre son tee-shirt et d'attirer le visage du jeune homme vers le mien. Je l'embrassais, espérant sincèrement que Ben n'aurait pas mal pendant trop longtemps ...