Regarde les vagues[pv le premier]

Je venais à la plage comme ça, par hasard. Je n'avais rien à y faire, il n'y avait pas tellement de soleil, c'était surtout ça qui m'avait décidé à sortir. Une clope entre les lèvres, je regardais mon portable qui vibrait alors que j'étais en train de marcher tranquillement dans le sable, c'était Benjamin. Je laissais sonner, je n'avais pas tellement envie de parler, du moins par téléphone. Mes pompes et le bas de mon pantalon étaient bien crades, j'avais marché sur un mec en venant. Il m'avait un peu trop emmerdé alors que j'étais de mauvaise humeur. Je ne sais pas ce que j'ai en ce moment mais je suis d'une humeur de chien. Et là, mon portable se remet à vibrer, ma sœur. C*nnard de téléphone, tiens. Je m'approche du bord de l'eau, lève le bras, et lâche mon portable hors de prix au milieu des vagues. Au moins, il me fera plus chier celui la.

J'étais torse nu, et comme bien souvent, j'ai beaucoup de bleus. C'est une habitude, tout le monde en Suède sait bien que je me fais les mecs les plus violents que je me trouve. On pourrait me dire masochiste. Je le reconnais, j'ai tendance à l'être un peu. Je me retourne, je ne sais trop pourquoi. Je me rends alors compte que Benjamin est là et que je suis passé juste devant lui sans même le voir. Merde, il a du croire que je venais de lui mettre un gros vent.

J'écrase ma cigarette dans le sable et m'approche de Benjamin. Je m'assied à côté de lui sans même lui demander son avis. C'est pas mon genre de demander l'avis des autres.

Hey, chou ! Qu'est ce que tu fais tout seul ?

Je devais avouer que je n'écoutais qu'à moitié ce que Benjamin était en train de me dire. J'essayais de me concentrer pourtant, mais inutile, j'étais bien trop crevé pour cela. Alors je profitais de la chaleur de son corps contre le mien. Je dois l'avouer, j'ai froid mais je ne sais même pas ce que j'ai pu bien faire de la chemise que je portais. J'ai du la laisser dans la chambre de ce monstre qui m'a bien défoncé il y a de cela quelques heures. Pendant ce temps, j'essayais de comprendre le plus gros de ce que mon vis-à-vis me racontait. « Je suis en appartement [...] Tu n'as pas trop froid ? [...] les mecs ne sont pas allés de main morte avec toi. » Woaw, j'suis fier de moi, truc de fou ! C'est rare que je fasses autant attention à ce que l'on me raconte en plus, en général, j'en ai bien plus que rien à foutre.

Je dois avouer que j'ai un peu froid... Ah, les bleus ? Fais pas attention, j'ai l'habitude.

Je posais ma tête contre la sienne et fermais les yeux juste un instant. Juste avant qu'il ne me propose de venir à son appartement. Je rouvris alors les yeux et lui caressa doucement le bras, du bout des doigts. Avant même que je ne réponde à sa proposition, le jeune homme m'embrassa, je lui caressais alors doucement la joue en prolongeant ses baisers. J'aime tant les baisers de Benjamin.
Ses paroles sur mon torse me firent sourire. Je n'ai jamais douté de mon physique mais ça fait toujours plaisir d'entendre des compliments adressés à ma petite personne. Je me blottis alors bien contre mon vis-à-vis et le regarde.

T'es gentil, Benjamin.. Sers moi fort !

Je fis glisser mon doigt autour du nombril de Ben en souriant au jeune homme. Je l'embrassais sur la joue doucement et le regarde dans les yeux.

Je veux bien venir à ton appartement. Tu me le feras visiter !

Un appartement... Je n'ai jamais vécu en appartement. J'ai habité dans un manoir, une villa. Mais jamais plus petit qu'une villa. Je n'ai jamais choisi où j'allais habiter en fait. Mon père a toujours tout prévu pour moi à l'avance. Je dois dire que c'est plutôt pratique, au fond ! Je n'ai même pas à m'embêter à faire les choses moi-même. N'empêche.. Je me demande ce que ça fait de vivre comme une personne moyenne.

Nous arrivâmes tous les deux dans l'immeuble, je regardais autour de moi ça me changeait, tiens. Nous prîmes l'ascenseur qui, soit dit en passant, ne ressemble pas aux ascenseurs que j'ai l'habitude de prendre dans les grands hôtels. Désolé, mais je ne suis jamais allé chez quelqu'un qui habite en appartement. En Suède, tous mes soit disant amis sont riches. Pas autant que moi, mais riches quand même. Lorsque Benjamin me lâcha, je frottais un peu mes bras pour me réchauffer. Je regrette un peu ma chemise à cet instant, mais cela ne dura pas longtemps, heureusement qu'ici, il ne fait pas aussi froid que ce que j'avais pu m'imaginer. Benjamin me fit faire, en gros, le tour de son appartement. Plutôt pas mal mais... comme c'est petit. Je ne pourrais pas vivre dans si peu d'espace. Enfin c'est peut être pas si petit que ça mais dans mon manoir de Suède, mon salon doit être aussi grand que son appartement.

- C'est plutôt pas mal ici. Ça a l'air plutôt calme.

Alors que mon ami regarde son courrier, je continue de regarder autour de moi en me disant qu'au final ce n'était pas aussi petit. Et en plus, je n'avais plus froid du tout. Benjy vint se mettre contre moi, je passais alors mes bras autour de ses épaules puis remarquais qu'il était en train de regarder les bleus que j'ai sur le torse. Je l'embrasse doucement sur le front en le caressant entre les deux omoplates à travers le tee-shirt. Il me touche les bleus je n'ai pas mal. A côté des coups que j'ai reçu et ce dans quoi je me suis cogné... Je crois que je ne peux plus sentir grand chose.

- La plupart des mecs qui me baisent, ils me détestent.

C'était dit assez directement, mais il fallait dire cela comme c'était. Puis qu'on me déteste, ça ne me fait pas grand chose... Tant que j'existe aux yeux des gens, ils peuvent bien me détester, cela m'arrange.
Je me penche, déjà que je suis grand en temps normal mais avec mes compensées c'est pire, pour poser ma tête contre l'épaule de Benjamin et cacher mon visage dans son cou. Je ne cherche rien de particulier à cet instant. Je restais tranquillement comme ça.

- Tu as quoi comme film ?

- Oui c'est pas mal mais je pense reprendre ma vie dans la maison familiale, je suis loin de mes frères et mes parents.

Je ne dis rien, si lui, il aime sa famille, c'est loin d'être mon cas. Ma mère est morte donc elle ne me pose pas de problème. Mon père squatte MA place à la tête du pays. Puis ma sœur, ma sœur... Non mais elle, qu'on ne m'en parle même pas. Bien souvent, je me dis que j'aurais du avorter ma mère avec une aiguille à tricoter lorsqu'elle m'a parlé d'une petite sœur. Je la hais celle-là.

- Alors je suis l'un d'eux ? Non je rigole Nathaniel, tu sais bien que je ne ferais jamais ça.

- Ça ne me déplait pas tant que ça, au fond. Mais j'aime bien aussi comme tu es avec moi.

Je souris. Je ne mens pas, après tout, si je détestais ça, ça ferait bien longtemps que j'aurais arrêté de voir tous ces mecs brutaux. Certes les bleus c'est pas beau mais peu importe, pour moi, ça vaut bien la peine de passer par là. Et quand je suis avec Benjamin j'ai de la douceur. Pas la même que lorsque je suis avec une femme, c'est tout à fait normal, mais de la douceur quand même !
Je m'installe sur le canapé alors que Ben va choisir un DVD et le met dans le lecteur. Je me concentrais alors sur le film car ce n'est toujours pas évident de suivre un dialogue en anglais tels que ceux qu'il y a dans ce genre de film. Je me laissais faire par Benjamin, continuant de rester fixer sur le film jusqu'à ce qu'il se mette sur moi et qu'il m'embrasse. Je recule alors mon visage du sien.

- Le film ne t'intéresse pas ?

Je passe ma main dans ses cheveux mi-longs et le regarde avec un léger sourire. Je ne le vois pas très bien mais peu importe, je pourrais dire que je connais son visage et son corps par cœur.

- Moi non plus... En fait, j'y comprend rien ! lui avouai-je avant de l'embrasser.

- Mignon ? On ne me le disait même pas quand j'étais gosse !

J'avais rit un instant, il faut dire que c'était la première fois que l'on me disait que j'étais " mignon ". Pas étonnant, déjà gosse j'étais insupportable et manipulateur. En plus j'avais bien la tête de l'emploi si vous voyez ce que je veux dire. J'avais la gueule d'une peste sous une épaisse couche de longs cheveux noirs qui me tombaient sur le visage et dans le dos. Et j'étais loin d'être habillé comme un prince. Je ressemblais un peu à un gueux au grand désarroi de ma mère... Paix à son âme, pauvre femme.

- Je n'ai jamais fait attention aux langues étrangères... Je préférais d'autres genres de langue si tu vois où je veux en venir.

Je parle bien des bonnes et des employées de maison. Il n'y en a pas une seule qui ne soit pas passée dans mon lit. Après tout, c'est fait pour ça les jeunes femmes, non ? Mon père n'avait qu'à pas être un vieux pervers. Je souris à ses paroles à propos de deux hommes sur un canapé devant un film en anglais... Oui, bien sûr, ça c'est notre vie.
En le voyant faire, je me dis que tous les deux, nous n'avons jamais passé une simple soirée au calme. Enfin, franchement je n'ai jamais cherché à prévoir ce qu'il allait se passer lorsque je voyais Ben. Peu importe ce qu'on fait, j'apprécie quand même de passer du temps avec lui.

- Ah ma bague... Tu sais, tu aurais pu la revendre. Elle ne vaut que quelques milliers de dollars et n'a pas vraiment de valeur à mes yeux.

Je le laisse se lever et le suit dans la chambre qu'il m'avait montré en arrivant. Je m'assied sur le lit et le tira par le ceinture pour qu'il se mette à califourchon sur mes cuisses. Je souris et lui défait la ceinture et le jean puis je passe mes mains sur ses fesses en l'embrassant dans le cou.

- Si tu y tiens tant, je ne vois pas d'objection à ce que tu la gardes. Elle est à toi.

Je ne savais pas vraiment pourquoi il tenait tant à la garder cette bague. Il avait été tellement sérieux dans ses propos « Jamais de la vie. Si elle n'a pas d'importance a tes yeux, alors laisse moi la garder tout le long de ma vie. Dis oui s'il te plaît je veux la garder. » On pourrait même dire qu'il avait été particulièrement insistant. Il voulait la garder tout le long de sa vie. N'était-il pas un peu trop attaché à moi ? De mon côté je ne sais pas trop. Mon cœur est devenu un vrai trou noir depuis quelques temps.

Il est au dessus de moi, je le regarde et l'écoute me parler. Il voulait que je commence les préliminaires. Bien sûr, pourquoi pas. Mais avant, je me devais de lui annoncer quelque chose au risque de tout casser dans l'ambiance. J'embrassais Benjamin rapidement en lui caressant la joue.

- Avant ça, il faut que je te dise que tu as plutôt intérêt à en profiter... Je repars pour la Suède dès demain matin et je ne sais pas quand je reviendrais à Los Angeles.

Ce n'était peut être pas le moment de lui dire ça, mais j'en avais ressenti le besoin. Afin de vivre, s'il le veut encore, à fond ce moment.

Mon chou... Je t'apprécie beaucoup mais je ne peux vraiment pas t'amener. Je n'aurais pas le droit de te faire entrer au manoir et je serais très chargé. Je n'aurais pas le temps de m'occuper de toi avec tout ce qui va me tomber dessus. Il est préférable que tu restes ici avec ta famille et tes amis, vraiment.

Je l'embrasse sur le front, gentiment alors qu'il fuit mon regard. Je le sens triste que je parte, mais je ne comprends pas vraiment pourquoi il l'est autant. Après tout, rien est officiel entre nous, on ne se voit pas tous les jours, je vais toujours voir ailleurs, lui aussi sûrement. Il n'y a que du sexe entre nous. Rien d'autre, il me semble. Je m'allonge sur lui et lui caresse la joue presque avec tendresse.

Je suis sûr que tu trouveras vite quelqu'un pour me remplacer ! Qui sait ? Peut être même une jolie fiancée ! Ou un bel homme, n'importe.

Je lui souris, je ne lui laissais pas le choix en fait : je ne l'amènerais pas. L'amener pour le laisser tout seul ça ne servirait à rien de toute façon. Je l'embrasse doucement et le regarde à nouveau, calmement. Bien sûr qu'il va sûrement me manquer au moins un peu, mais c'était comme ça. Après tout, ce n'est même pas mon propre choix : j'ai été convoqué par le roi et j'ai quelques comptes à régler avec ma sœur.

Je refermais mon jean et me retournais pour descendre du lit. Mais avant que je n'ai eu le temps de me redresser, je sentis les bras de Ben passer autour de mon corps, ses caresses sur mon ventre et sa tête contre mon épaule. Je restais silencieux et glissais ma main sur le bras de Benjamin pour le caresser doucement. Je soupirais doucement et pris enfin la parole après réflexion.

Je passe la nuit avec toi si ça peut te faire plaisir. Mais je ne peux rien faire de plus.

C'était vraiment cas exceptionnel, je n'avais jamais dormi avec Benjamin ni avec aucun(e) de mes amant(e)s d'ailleurs. C'était le genre de chose que je ne faisais qu'avec mon ex qui pourtant, à voir ne donnait pas plus envie de lui faire confiance. Peu importe, je lui proposais ça, qu'il accepte ou pas ça ne me faisait pas grand chose, c'était surtout pour lui.
Je me détachais de lui et me mit face à Ben pour le regarder en attendant qu'il me répond. e pour savoir si je reste avec lui ou pas. En attendant, je lui touchais la joue en de douces caresses. Ca allait être si bizarre sans lui.