La vengeance est un plat qui ce mange froid . || Alexander

My God. Il était vraiment temps que je fasse une pause. Que j’aille boire un verre, n’importe quoi. A la limite … Me saouler complètement ne serait peut-être pas mal. Oui. Je n’allais peut-être pas aller jusqu’à faire les mêmes conneries que William, mais j’avais grand besoin de décompresser. D’oublier mes responsabilités cinq minutes. Je fermais les yeux.

Récemment, j’avais découvert Lou et Ben dans mon appart. Pas que je n’aime pas que les gens s’invitent chez moi comme ça mais bon … Ben, il peut venir, sans avoir à me demander, mais Lou … C’est chez moi, quand même. Et l’idée qu’ils s’organisent des mini-booms dans mon appart’ ne me plaisait pas beaucoup. Ouais, ok, je suis un peu jaloux. Ensuite, Ben s’était isolé plusieurs semaines chez lui, sans vouloir donner de nouvelles. Parce que William avait décidé de s’enfuir. Et j’avais retrouvé Ben, allongé dans son lit, affreusement maigre, et fatigué. Enfin … Il n’y avait pas que ça. J’avais l’impression que parfois, Ben se sentait coupable de quelque chose. Mais de quoi ? Ah, c’est compliqué, l’amour … Comprenez que j’aie besoin de décompresser. Si j’apprends que Ben a fait une connerie vis-à-vis de moi, il faut que je sois préparé. Enfin …

Je me levais du canapé, et filais me passer un coup de peigne dans les cheveux. J’enfilais mes Vans noires, et attrapais mon portefeuille. Je marchais jusqu’au bar, avant de m’installer à une chaise, au comptoir, et de commander une vodka – autant y aller franco. Oui, oui, je n’ai pas vingt et un ans, l’âge légal pour traîner dans les bars mais bon … Ici, le seul but du barman, c’était de se faire un peu d’argent, et il n’était pas trop regardant sur les âges tant qu’il n’y avait pas de bagarres.

Une voix me tira alors de mes pensées. Je me tournais, et vis Molly s’asseoir à mes côtés. Je soupirais. Oh non, pas elle. C’est fou. A chaque fois que je traine au bar, il faut toujours qu’il y en ai un pour m’emmerder. Quand ce n’est pas Molly, c’est Tom. My God. Elle me lança que c’était une surprise de me voir. J’eus un sourire forcé, et reportais mon attention sur mon verre.

« Ouais … J’aurais été ravi de ne pas te voir. Tu ne me manquais pas. »

Et dire qu’elle avait osé, jadis, me faire croire que j’étais son ami. Qu’elle avait osé me faire croire que je comptais un tant soit peu pour elle. Alors qu’elle s’en fichait totalement de moi. Je n’étais qu’un de ses nombreux jouets. La petite garce. Et dire que Lou était sa fille. Parfois, j’avais du mal à le croire.

« Bon, qu’est-ce que tu veux ? Je suis sûr que tu as autre chose à faire que de venir me chercher. »

Je plongeais mes yeux dans les siens, avant de détacher mon regard du sien. Je plongeais mes lèvres dans mon verre, et bus une longue gorgée. Je soupirais. Bon, la jeune femme n’était pas décidée à partir. Un jour, je devrais lui demander si elle n’était pas de la même famille que Tom. J’aurais moins de mal à croire qu’elle était sa sœur jumelle. Beaucoup moins de mal qu’avec Bill. Enfin …

« Tu veux peut-être qu’on ait une discussion normale ? Sans que l’on se crache des injures à la figure ? Donc, on va dire bonjour, et on va te demander si tu vas bien ? »

Molly rit à mes paroles, haussa les épaules. Je fis semblant de ne rien remarquer. A quoi bon, de toute manière ? Cela ne lui donnerait qu’un prétexte supplémentaire pour me chercher. Et ce n’était pas mon objectif. Moi, je voulais être tranquille, à pouvoir me saouler sans que l’on vienne me parler, ou pire, m’emmerder. Comme n’allait pas tarder de le faire Molly, à mon avis.

Je l’entendis ensuite commander un malibu pomme. Donc, elle comptait rester ici. Arf. Ca promettait d’être … long. Très long. Finalement, je n’allais peut-être pas me saouler ce soir. Sinon, j’allais probablement faire des conneries. Et Molly n’oublierait pas de me le rappeler ensuite.

Son verre se posa sur le comptoir, je tournais la tête et nos regards se croisèrent un court instant. Elle me lança que ma manière de voir les choses était intéressante. Je haussais les épaules, mais ne répondit pas. Je me contentais de boire une nouvelle gorgée de ma boisson. Elle me demanda alors de ne pas faire celui qui s’inquiétait pour elle, et préféra me retourner la question plutôt que de répondre. Elle me demanda si j’étais toujours avec … Avec ? Je tournais la tête vers elle, observant un instant son regard faussement interrogateur. Elle essayait de me pousser à bout, ma parole. Molly termina ensuite sa phrase, et je serrais légèrement les mâchoires.

« Oui. Oui, je suis toujours avec Benjamin. Et toi, toujours célibataire ? C’est vraiment dommage. Une fille sympa comme toi … Et pour répondre à ta question, je vais bien. Enfin, un peu moins depuis que tu es là, mais bon. Il faut faire avec … »

Je lui adressais un sourire faussement joyeux. Je terminais mon verre, avant d’en commander un deuxième. Mmmh … J’allais avoir vraiment mal à la tête si je continuais comme ça. Enfin bon … Je fermais les yeux, et soupirais. J’avais vraiment envie que Molly me laisse seul. Ou du moins, qu’elle arrête de me causer, qu’elle arrête de chercher à m’énerver. Il faut toujours qu’elle essaie de foutre la merde, ce n’est pas possible. Elle a l’air sympa, comme ça, avec sa gueule d’ange, mais en réalité, c’est une garce. Une vraie garce. Et manipulatrice, avec ça.

« Allez Molly … On continue de jeu des faux amis ? Ou tu me dis tout de suite quel est ton objectif pour ce soir ? »

Je la regardais un instant, puis trempais encore mes lèvres dans mon verre. Je me demandais vraiment ce qu’elle voulait faire. Juste s’amuser, peut-être ? Ou bien, passer le temps ? Je soupirais. Elle m’agaçait plus qu’autre chose. Si seulement, rien qu’une seule fois, elle était capable de faire changer cela, j’en serais le premier heureux. Mais bon, on ne changera pas Molly, j’en ai bien peur. Et quoi que l’on fasse, sa véritable personnalité refera surface un jour ou l’autre …

« Tu n’as personne à aller draguer, pour rester là ? Tu ne dois pas t’occuper de Lou ? »

Molly était contente de m’enlever ma bonne humeur, c’était, selon elle, son but. La garce. Vraiment. Et dire qu’avant, je pensais qu’elle était une amie. J’étais vraiment niais par moments … Et tellement soumis … Oh et puis zut !

Lorsque je lui demandais quel était son objectif pour la soirée, la jeune femme me répondit, enfin, me demanda, si elle n’avait pas le droit de venir me parler juste comme ça. Je la regardais un instant, en me demandant si elle se foutait de moi. Sûrement. Elle ne sait faire que ça, de toute façon.

Je remarquais alors qu’elle me détaillait. Je me retins de la regarder en louchant. Non mais, qu’est-ce qu’elle a, à me fixer comme ça ? Je fermais les yeux, avant de les rouvrir, surpris, en entendant ce qu’elle venait de dire. Moi ? Beau garçon ? Je haussais un sourcil. Non mais, qu’est-ce qu’elle cherche, Molly, là ? L’alcool lui tournait la tête, ou quoi ?

Je répliquais, lui demandant si elle n’avait personne à draguer, si elle ne devait pas s’occuper de Lou. A son regard, et ses poings légèrement serrés, je sus que j’avais touché un point sensible. Molly me répondit qu’elle n’avait pas envie de s’occuper de sa fille. Sympa, la mère. Responsable comme il n’y a pas. Pourtant, Molly ne s’arrêta pas là. Elle enchaîna, sur le fait que Benjamin s’en occupait très bien, et qu’ils devaient être tous les deux, chez moi, en train de se blottir l’un contre l’autre. Je serrais les poings. Ferme-là, Molly. Bon sang. Elle continua, me lançant que les deux jeunes gens s’étaient déjà embrassés, mais qu’à son avis, il n’y avait pas que ça. J’attrapais mon verre de Vodka, et bu une longue gorgée. Molly me dit aussi que Lou était dingue de Ben, et qu’à ma place, elle ferait attention.

Lou et Ben. Ben et Lou. Nouvelle gorgée de Vodka. Mes craintes ‘étaient réveillées. Le jour du bal, au lycée, j’avais déjà eu des doutes … Et Ben m’avait rassuré. Mais, maintenant, Molly me le disait. Je fermais les yeux. Je devais me calmer. La jeune femme cherchait sans doute à foutre la merde entre Ben et moi. Je devais m’en convaincre. Ce ne pouvait pas être autrement. Penser, pendant cinq minutes, que Molly avait raison, me mettait hors de moi.

« Arrête, Molly, arrête. Entre le « Tu es beau garçon, Alex », et le coup du Lou et Ben ensemble, je crois que tu en as déjà fait assez. Tu veux quoi ? Foutre la merde entre nous deux ? Que, pris de doutes, je le quitte ? Mais pourquoi, Molly ? A quoi ça t’avance de faire ça ? Hein ? Dis-le moi, Molly. »

Je la regardais, espérant qu’elle admette. Elle ne pouvait avoir raison. Je fermais les yeux, et tournais la tête. En moins de cinq minutes, Molly avait réussi à créer des doutes en moi. Peut-être que … Peut-être qu’aussi, ce n’était pas le moment de me parler de ça. Peut-être que l’alcool commençait déjà à me tourner la tête, et que je ne parvenais plus très bien à étudier la chose.

« Et puis, comment peux-tu oser affirmer ça ? Je parie que tu ne les as même pas vu. Que tout ça sort droit de ton imagination, et que ce n’est qu’un prétexte pour semer le doute en moi. Tu n’es qu’une garce, Molly. »

Je terminais mon verre, encore. J’aurais dû m’arrêter là, partir. Mais … Mes jambes refusaient de bouger. Quelque chose me disait que je n’allais pas être très beau, ce soir. Vraiment pas. Au final, Lou était peut-être mieux pour Ben. Et puis … Oh non mais ! Qu’est-ce que j’étais en train de penser ? My God …

Molly me lança qu’elle n’avait pas l’intention de foutre la merde entre Ben et moi. Je me demandais si elle se foutait de moi. Après tout, avec Molly, on ne savait plus vraiment quoi croire. Elle cherche toujours à vous embrouillez. Comment fait-elle pour avoir des amis ? De vrais amis, s’entend. Pas ceux qu’elle manipule.

Elle me demanda si je voulais qu’elle arrête de dire la vérité. Je la regardais et serrais les mâchoires. Molly continua, me rappelant que j’étais naïf, et qu’il serait grand temps de grandir. La jeune femme me regarda dans les yeux, me faisant bien comprendre qu’elle était sérieuse. Je baissais la tête. Je savais que là, elle avait raison. Trop souvent, je me faisais entraîner par les autres, je croyais ce que l’on me disait. J’avais souvent été une cible, le jouet des autres. Avec Molly, comme avec d’autres, et bien avant elle. Je soupirais.

La jeune femme posa alors brutalement son verre sur le comptoir, et s’approcha de moi, pour murmurer froidement à mon oreille de faire attention à ce que je disais, car je pourrais le regretter. Je plissais des yeux. Ah oui ? Je ne dis rien, pour la simple et bonne raison que je n’en eu pas le temps.

Molly se replaça normalement, avant de me décrire ce qu’elle avait soi-disant vu. Un baiser échangé dans les ruelles, puis Molly les avait surpris enfermés dans les vestiaires de la piscine. Jusque-là, rien de très « grave ». J’embrassais bien Tyler lorsque je le voyais – bon, pas devant Ben, évidement – mais Benjamin était au courant. Et il ne disait rien. Mais bon, entre Tyler et moi, c’était compliqué. On était tous les deux sur le même fil, oscillant entre amour et amitié. Enfin, ce n’était pas le moment.

La jeune femme continua, avec un argument qui me démolit probablement bien plus que tous les autres. Ben aimait Lou, et selon elle, même si ce n’était pas encore de la même manière que sa fille, cela ne saurait tarder. Je fixais mon verre vide, et me mordis les lèvres. Molly venait d’exprimer au grand jour ce que je redoutais. Que Ben aime quelqu’un d’autre. J’en serais jaloux, même si, d’un côté, je serais heureux que Ben trouve mieux que moi. Je ne pouvais que lui souhaiter d’avoir le meilleur du monde. Je voulais qu’il soit heureux.

Molly continuait de parler. Ben qui me plaque pour une fille … Pourquoi devrais-je me poser des questions ? Elle me lança ensuite, que, si je n’avais pas de doute, je ne devrais pas rester là, à l’écouter. Je fermais un instant les yeux, et arrêtais de jouer avec mon verre.

« Molly … Ben est bisexuel. Moi aussi. Je ne vais pas tomber en dépression parce que mon petit copain me quitte pour une fille. Je serais probablement triste, parce qu’il me quitte, mais que ce soit pour une fille ou un gars, ce serait pareil. Si Ben trouve mieux que moi, eh bah voilà, il trouve mieux. Que veux-tu que j’y fasse ? »

Je soupirais. Cette fille cherchait à me faire craquer. A m’énerver. A me faire douter. Je soupirais. Je ne savais plus quoi faire. Vraiment plus.

« T’as raison, Molly, je ne devrais pas rester là, à écouter tes conneries. Le seul problème, c’est que c’est plus fort que moi. Je reste là, pour voir jusqu’où tu seras capable d’aller. Parce que je suis sûr que tu as encore plein de trucs à me dire pour me faire douter deux fois plus. »

Je fermais les yeux, et du bout des doigts, je repoussais mon verre. Je devrais m’arrêter là. Sinon, je n’allais même plus pouvoir aligner deux pas. J’aurais l'air fin, moi. Molly serait obligée de me ramener chez moi. Pas cool. Donc, on s’arrête. Ou alors, de la limonade, ou du jus d’orange. Mais plus d’alcool.

« Bon Molly ? Je t’écoute. Continue de me démolir, à propos de Ben. Tu es bien partie. Je ne voudrais pas gâcher ce moment. Bien que je ne comprenne toujours pas pourquoi tu veux nous séparer. Tu n’as rien à y gagner. Enfin, à moins que tu ne veuilles te taper Ben … Ou moi qui sait ? Pour mieux me redémolir encore après. Mais, vas-y, dis-moi ce que tu as derrière la tête. Je suis prêt à écouter n’importe qui, n’importe quoi, aujourd’hui … Et à croire n’importe quoi aussi … Donc, fais-toi plaisir … C'est si amusant de voir les autres souffrir ... »

Molly me suggéra alors que je n’aimais pas Benjamin. Je fermais les yeux. Me battre pour le récupérer … Elle en a de bonne Molly. Elle ne pense qu’à son intérêt personnel. Je n’allais pas enchaîner Ben au pied de mon lit pour qu’il reste avec moi. Je n’en avais pas le droit. S’il voulait aller batifoler ailleurs, libre à lui d’agir. Il était grand. Il faisait ce qu’il voulait. Ou du moins, j’essayais de m’en convaincre, pour ne pas craquer.

La jeune femme enchaîna alors sur le « nouveau qui ressemblait à une fille ». Dakota. Oui, eh bah ? Qu’est-ce qu’il a, lui ? Il est un peu bizarre, mais Ben est souvent avec lui. Et alors ? Comment ça, demander à Ben ce qu’il ressent pour lui ? Je serrais les poings, et me commandais un verre de vodka. My God. J’allais finir complètement bourré. Je n’en pouvais plus. Molly n’arrêtait pas de me démolir. Si Ben aimait Dakota, s’il aimait aussi Lou, quelle était la place que j’avais dans son cœur ? Celle de roue de secours ?

Molly me lança que ce n’était qu’un échauffement. Qu’elle n’essayait pas de me démolir, mais juste de m’affaiblir. Je fermais les yeux. Elle voulait que j’ai du mal à supporter la douleur. Elle voulait me voir souffrir. Je la haïssais.

Je lui demandais ce que ça lui apportait, de me faire souffrir ainsi. Un sourire sadique apparu sur son visage. Elle me lança que je devrais essayer de faire comme elle, que j’en ressortirais grandis. Je me contentais de boire une gorgée de ma boisson, et continuais de l’écouter. Encaisser les moments difficiles avec le sourire et l’élégance. Ahah. Elle en avait de bonnes, elle. On n’était pas tous comme elle. Faire souffrir les autres ne m’emballait pas. Mais alors, pas du tout.

La jeune femme vida alors son verre d’un trait. Je la regardais du coin de l’œil … Et sursautais, surpris, en l’entendant. « Ton putain de copain de merde ». Ah c’est beau ça ! Je crois qu’elle parle de Ben. Donc, Ben, mon cher Ben, lui aurait piqué la seule chose qui lui appartenait vraiment, qui était à elle. Qui ça ? Lou ? Molly lui avait dit de s’éloigner d’elle, mais il avait refusé. La jeune femme ajouta que mon ami ne s’en sortirait pas vivant. Je fermais les yeux, sentant l’énervement me gagner, et abattis violement mon poing serré sur le comptoir.

« Mais merde, quoi ! C’est une raison pour vouloir me faire souffrir ? C’est une raison pour m’informer de tout ce que fait Ben derrière mon dos ?! Qu’est-ce que ça peut te faire, que Ben soit avec Lou ? Hein ? Tu crois que Lou t’appartient ? Mais tu te fourres le doigt dans l’œil ! C’est pas parce que tu as réussis à me manipuler que tu réussiras à manipuler tout le monde. Les gens sont libres de leurs faits et gestes, Molly ! Mets-toi bien ça dans la tête, merde ! On n’a pas tous envie de traîner avec des salopes, des garces finies ! »

Je fermais les yeux, et vidais mon verre d’une traite. Je gardais mes poings serrés. Sinon, je n’allais pas hésiter à donner une belle calque à Molly. Il fallait toujours qu’elle soit le centre du monde. Que sa fille décide de s’éloigner d’elle ne m’étonnait qu’à moitié.

« Mais, je comprends ta fille. Depuis le temps qu’elle te supporte. Ça doit l’énerver, de toujours te voir détruire les autres. Je comprends qu’elle veuille prendre son envol vers de nouveaux horizons. Avec mes parents, c’était pareil. Et est-ce qu’ils pleuraient, lorsque je suis parti ? Non. Ils ont su garder le sourire, eux. Ils n’ont pas essayé de faire souffrir mes amis ! »

Je voulais qu’elle comprenne. Qu’elle n’était pas le centre du monde. Quelque part, aussi, je voulais qu’elle souffre. Pour tout ce qu’elle m’avait fait voir.

« Tu n’es pas le centre du monde, Molly, navré de te l’apprendre. »

Molly garda le silence, pendant que je débitais mes paroles. Je l’observais quelques instants. Parfois … Parfois je me disais que c’était dommage qu’elle soit comme ça. Elle a tout pour plaire, mais voilà, elle a décidé d’être un vraie salope avec tout le monde –ou presque. Dommage. On est comme on est. On ne changera pas.

La jeune femme me lança alors qu’elle n’avait jamais eu l’intention d’être le centre du monde, et qu’elle savait que cela n’était pas une raison pour me faire souffrir, culpabiliser ou stresser. Un sourire se dessina sur mon visage – sans doute parce que je commençais à être bourré. Molly ajouta qu’elle savait qu’elle n’était pas dieu, et qu’elle ne contrôlait pas la vie des autres. Mais, c’était plus fort qu’elle. Je pouffais. Ouais, ça, je l’avais remarqué.

Mon « amie » tourna alors les yeux vers moi, sourire aux lèvres. Je la regardais, sans rien dire. Elle voulait parler ? Bah, autant la laisser causer. Elle me lança que tout le monde la détestait et donc, ce n’était pas la peine d’être gentille. Ouais, peut-être qu’elle a raison. Si tout d’un coup, elle devenait sympa avec moi, je finirais par croire que c’est parce qu’elle veut encore me manipuler. Donc, je l’aurais encore rejetée.

Elle me dit alors, que, derrière mes airs de garçon sage, j’étais certainement pire qu’elle. Un nouveau sourire se dessina sur mes lèvres. Peut-être. Ouais. Peut-être qu’au final, Chris avait déteint sur moi plus que je ne me l’imaginais. Mais … Je n’arrivais pas à me mettre dans la tête qu’il n’était pas toujours sympa. Je l’aimais trop pour ça.

« Peut-être que t’as raison. Ouais. Mais bon, t’es peut-être un peu pareille, non ? Allez, avoue, je suis sûr que tu n’es pas méchante avec tout le monde. »

Elle était un peu comme moi, en fait … Par opposition. Je ne sais pas trop si vous comprenez. J’ai suis gentil avec presque tout le monde, et Molly, c’est l’inverse. C’était marrant. Mais ce n’était pas suffisant pour que je l’apprécie. Ouais …

Je regardais l’heure, sur la pendule du bar. Ah. Il est déjà cette heure-là … Eh bah … Il va être temps de rentrer, avant que je ne finisse couché par terre, ivre mort, et donc, incapable d’aligner deux pas. Ah, mais je vous jure ! Déjà, j’ai combien de vodka dans le sang, là ? Trois ? Quatre ? Wow, faut que je me calme. Demain, il ne faudra pas venir me causer, je crois. Je vais avoir un de ces mal de crânes … Aïe aïe aïe … Ouais, à la réflexion, je crois que je vais rentrer.

« Bon, Molly … Je te laisse réfléchir à tout ça, hein ? Médite bien. »

Je me levais, avant de fermer les yeux. Wow, tout d’un coup, ça tournait ! Enfin. Je serrais les dents. Ça va passer, ça va passer … Il vaut mieux, de toute façon. Sinon, je suis pas dans la merde.

« Bon, eh bien … Bisous du faux cul. En espérant que l’on ne se reverra pas … Bye Molly. »

Je payais ma consommation, avant de me diriger vers la porte. Je sens que je vais bien dormir, cette nuit …

On arrête là ?